Jusqu’au siècle dernier, familles et voisins se retrouvaient les soirs d’hiver pour la veillée. De novembre à mars, après le souper, on s’installait en demi-cercle autour de la cheminée. Dans l’âtre, le feu constituait à lui seul un spectacle de choix, hypnotique et apaisant. On en profitait souvent pour réaliser de petites tâches rébarbatives comme l’égrenage du maïs ou le cassage des noix. On cuisait quelques pommes ou châtaignes directement sous la cendre, ou dans cette grande poêle spéciale percée de trou, lo pédarso. Puis venait le temps des contes et des chants… Et si on remettait ce plaisir simple au goût du jour ? Voici pour vous trois petites histoires flippantes à dégainer au coin du feu !
La légende du Coulobre
Cette légende est intimement liée à la rivière Dordogne et la grande histoire de sa batellerie. L’histoire raconte que lo coulobre, un animal mythique à mi-chemin entre la couleuvre géante et le dragon, vivait terré dans un antre druidique située sur les flancs escarpés surplombant la Dordogne à Lalinde. La bête était affublée de proportions absolument gigantesques. Lorsque sa queue était au sommet de la falaise, sa tête se trouvait au niveau de la rivière en train de boire ! Évidemment, lo coulobre s’en prenait aux humains. Il était particulièrement friand des jeunes filles vierges et innocentes, qu’il enlevait pour les dévorer toutes crues dans son repaire… Il était également redouté des gabariers, car d’un coup de queue, il s’enroulait autour des bateaux et les entraînait avec leur équipage vers les profondeurs.
Las des attaques répétées du coulobre, les habitants s’en allèrent trouver Saint-Front. Sous les coups d’épée vaillamment assenés par le Saint, le coulobre finit par rendre l’âme. Dans sa chute, il créa une crue historique et surtout, bouleversa la physionomie de la rivière et donna naissance au redouté rapide du Saut de la Gratusse qui, jusqu’à la création du canal de Lalinde en 1844, causa le naufrage de nombreuses embarcations.
Le Domaine de Grange Neuve a fait de la silhouette du terrible dragon son emblème.
Domaine de Grange Neuve,
L’Elixir de Grande Neuve cuvée « Soma » en AOP Monbazillac
Domaine de Grange Neuve
Lieu-dit Grange Neuve
24240 Pomport
05 53 58 42 23
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La Dame Blanche du Château de Puymartin
On a coutume de surnommer la Dordogne, le pays des 1 000 et un châteaux. Vous ne serez donc pas étonnés d’apprendre que parmi eux, certains ont la réputation d’être hantés ! C’est le cas du Château de Puymartin.
Notre histoire commence au XVIe siècle. De retour de la guerre plus tôt que prévu, le châtelain du lieu nommé Jean de Saint-Clar, surprend son épouse Thérèse dans les bras d’un fougueux chevalier qu’elle avait pris pour amant. Fou de rage, Jean commence d’abord par tuer son rival. Mais cette vengeance ne suffit pas à apaiser son ire. Il décide alors d’emprisonner sa femme infidèle dans la tour Nord du château, et ce dans des conditions particulièrement difficiles.
Quinze années durant, Thérèse demeura enfermée dans une pièce minuscule dont la porte avait été murée. La pauvre femme ne recevait en guise de nourriture qu’une maigre pitance acheminée par une petite trappe, et dormait sur une affreuse paillasse. Pire : la mort de Thérèse ne fut en rien une délivrance, car Jean fit emmurer sa dépouille dans le sinistre donjon où il l’avait retenue prisonnière pendant toutes ces années.
Dès lors, Thérèse se mit à hanter le château sous la forme d’une dame blanche. Propriétaires successifs et visiteurs ont pu l’observer à maintes reprises aux alentours de minuit errant tour à tour sur le chemin de ronde, dans les escaliers ou le donjon. La présence de cette dame blanche attire depuis de nombreux curieux et spécialistes du paranormal au Château de Puymartin. Mais entre nous, il est bien assez joli pour justifier à lui seul une petite visite !
Château de Puymartin
Lieu-dit Marquay
24200 Sarlat-la-Caneda
05 53 59 29 97
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Sous le soleil de Belenos
Si vous avez déjà visité le Château Bélingard à Pomport, vous avez dû particulièrement apprécier la vue sur le vignoble depuis la terrasse. Peut-être y avez-vous dégusté tranquillement l’une des cuvées du domaine en offrant votre visage à la douceur du soleil ?
Remerciez Belin (ou Beleen, ou Belenos), le dieu Celte du soleil ! Il aurait d’ailleurs donné son nom au lieu. Bélingard viendrait en effet du celte « Beleen gaard », le temple du dieu Belin. Mais les celtes ont laissé au domaine un autre héritage, aussi terrifiant qu’intrigant : un siège sacrificiel druidique taillé dans la roche et orienté pour suivre la course du soleil lors de l’équinoxe de printemps.
Qu’a-t-on sacrifié ici ? Des bêtes ou des humains, des ennemis ou des membres du clan ? Dans leurs écrits, Grecs et Romains décrivent des rites barbares où des êtres humains étaient tués à coup de sabre dans le but de deviner l’avenir en fonction des convulsions du corps. Mais il est bien difficile de démêler le vrai du faux, tant les auteurs de ces récits avaient intérêt pour montrer la supériorité de leurs civilisations à faire passer les Celtes pour des sauvages…
En attendant, la présence de ce siège sacrificiel intrigue, et inspire parfois les visiteurs, comme Jean-Pierre Alaux, l’auteur de la série de romans à succès Le Sang de la vigne. Dans Raisin et sentiments, son 24e tome consacré au vignoble bergeracois, le cadavre d’un jeune homme est découvert sur la fameuse pierre sacrificielle… Mais rassurez-vous, toute l’année, y compris pendant l’équinoxe de printemps, l’équipe du Château Bélingard vous accueille de manière tout à fait délicieuse et sans velléité aucune de lire l’avenir dans vos entrailles. Promis, juré.
Le Sang de la vigne T.24,
Raisin et sentiments
Jean-Pierre Alaux et Noël Balen
Editions Fayard · 2016
208 pages
17€
Lieu-dit Bélingard
24240 pomport
05 53 58 28 03
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Texte Alexandrine Bourgoin