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Ce 12 septembre 1940, Marcel les avait bien intrigués Jacques, Georges et lui, avec son histoire. Il prétendait avoir trouvé 4 jours plus tôt dans les bois l’entrée du souterrain du Manoir de Lascaux. C’est dubitatifs que Simon et ses compères consentirent malgré tout à lui emboîter le pas. Âgé de seulement 13 ans à l’époque, Simon ne s’en doutait pas mais il allait faire avec ses camarades l’une des plus grandes découvertes archéologiques de tous les temps…

Une heure durant ils bataillent avec l’outil confectionné par Marcel pour dégager le trou et enfin, ils s’y faufilent tour à tour en se laissant glisser à plat ventre sur le cône d’éboulis. La progression est difficile. L’équipée n’a pour seul éclairage que le halo d’une pompe à graisse transformée en lampe. Elle chauffe, alors les 4 garçons se la refilent à tour de rôle comme une patate chaude.

Soudain, dans un passage plus étroit, Jacques s’écrit : « Là, regardez ! Des traits sur la paroi ! ». La lueur de la lampe est faible mais oui, c’est bien ça. Ce sont bien des chevaux, des taureaux, des cerfs, là sous les yeux ébahis de Simon. Bien que surexcités par cette découverte, la raison les ramène à la surface avant que la lumière ne leur fasse définitivement défaut. Qu’ont-ils ressenti à cet instant ?

 

 

 
J'ai ressenti trois fois l'impression de briser un tabou. La première, en contemplant le fond de la mer d'Aral, vidée par les Hommes. La seconde en lisant le journal intime d'une femme. La troisième, en roulant sur les eaux du Baïkal. Chaque fois, l'impression de déchirer un voile. L'œil regarde par le trou de la serrure.
– Sylvain Tesson - Dans les forêts de Sibérie, 2011

Les 4 garçons ne savent pas l’origine des peintures qu’ils viennent de découvrir mais leur émotion est telle que leur premier réflexe est de jurer de tenir leur aventure secrète et de revenir le lendemain avec de meilleures lampes pour explorer la grotte. Mais le secret est bien lourd et Simon ne peut s’empêcher de le partager avec son frère.

Les Coencas sont juifs et nous sommes en septembre 1940. La famille s’est réfugiée à Montignac en zone libre. Quelques jours à peine après la découverte de Lascaux, les Coencas repartent pour Paris et sont rapidement internés au camp de Drancy. Échappant de justesse à la déportation, Simon eut une longue vie. En 2016, c’est plein d’émotion qu’il inaugura Lascaux IV et le Centre International de l’Art Pariétal au bras de sa petite fille. Il nous a quitté le 2 février 2020 à l’âge de 93 ans. Il était le dernier des 4 inventeurs de la grotte de Lascaux.

POURQUOI DIT-ON INVENTEUR ?

On dit des 4 découvreurs qu’ils ont inventé Lascaux, qu’ils en sont les inventeurs. Savez-vous pourquoi ? Parce qu’inventeur vient du latin invenire, venir sur, trouver, rencontrer. On utilise donc le terme inventeur pour désigner les personnes qui trouvent un trésor, ou découvrent un site archéologique.

 

Texte Alexandrine Bourgoin

Illustration Yann Hamonic

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