Blandine Geneste est vigneronne au Domaine du Petit Paris à Monbazillac. Christelle Combaud est éleveuse de bovins bio à Eymet au GAEC de la Gilette et vigneronne à la cave coopérative de Sigoulès. Après une première carrière qui les a menées chacune à travers le monde, les 2 globetrotteuses ont répondu à l’appel d’une terre périgourdine décidemment irrésistible. Ensemble elles ont cuisiné de délicieuses brochettes de veau (bio) façon Saltimbocca. Faisons leur connaissance !
Blandine, ton compagnon Bastien et toi avez repris en janvier 2018 le Domaine du Petit Paris à Monbazillac. Qu’est-ce qui a impulsé ce changement de vie ?
Blandine Geneste – Bastien et moi sommes tous les deux ingénieurs agronomes spécialisés dans l’environnement. Nous avons travaillé dans la recherche forestière au Congo, avons été conseillers agricoles dans le Grand Ouest. De fortes convictions écologiques nous animaient et nous avons souhaité quitter la posture de conseillers pour passer nous-mêmes à l’action.
Notre attrait pour l’univers du vin et mon enfance dans les vignes de Monbazillac nous ont conduits à choisir la viticulture. En 2017, dans la perspective de nous installer, nous avons entrepris un tour du monde des vignobles à vélo pour aller à la rencontre de vignerons bio*. Les aléas de la vie ont fait que nous avons dû revenir un peu plus tôt que prévu sur le domaine familial. En janvier 2018, nous étions les nouveaux vignerons du Domaine du Petit Paris !
Christelle, de ton côté, tu avais choisi un univers beaucoup plus éloigné de l’agriculture. Comment le choix de devenir éleveuse s’est-il imposé à toi ?
Christelle Combaud – J’avais en effet choisi l’hôtellerie restauration, notamment parce que ce sont des métiers qui permettent de voyager. Lorsque j’étais enfant, nous vivions dans une ferme assez isolée avec mes parents. Nos voisins les plus proches étaient anglais. Ils m’ont donné envie de découvrir leur pays et leur culture. Dès que j’ai eu l’âge de voyager seule et travailler, j’ai saisi la première opportunité de partir vivre en Angleterre. Pendant 20 ans, ma profession m’a menée des saisons dans les Alpes aux Philippines en passant par l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
En 2016, j’étais en Asie lorsque mon père a pris sa retraite. J’étais à un moment de ma vie où j’avais envie de m’impliquer dans mon propre projet et de me reconnecter à la nature. Lorsque je suis rentrée, j’ai annoncé à ma famille que je souhaitais prendre la suite de mon père.
Comment vos expériences précédentes et vos voyages influencent-ils vos nouvelles vies d’agricultrices ?
Blandine – Une certaine ouverture d’esprit et l’envie d’aller vers les autres ? Lors de notre périple à vélo, nous avons rencontré des vignerons bio avec lesquels nous avons beaucoup échangé. Nous sommes toujours en contact avec eux, leurs conseils sont précieux et nous accompagnent chaque jour.
Christelle – Il y a en effet beaucoup d’entraide dans le milieu agricole en France. Voir d’autres situations, dans d’autres filières ou d’autres pays m’a fait prendre conscience de cela. Et c’est très important, car l’agriculture, c’est 100% de ta vie ! Même quand tu ne veux pas y être, tu y es quand même, physiquement ou mentalement. Mon ancien métier m’a aussi beaucoup inspiré : j’ai mis mon expérience de la restauration à contribution pour développer la vente directe. En saison, je travaille avec mon oncle, un ancien restaurateur, et nous cuisinons steaks, entrecôtes, saucisses fines et burgers sur les marchés gourmands de la région.
Quelles sont vos premières impressions concernant vos débuts ? Des envies pour la suite ?
Christelle – Parfois on me demande : « La plage ne te manque pas ? ». Eh bien non, pas du tout. Je suis ravie de retrouver le rythme des saisons et suis émerveillée à chaque moment.
Blandine – Oui, c’est vrai, c’est agréable d’être tout le temps dehors. Même quand il pleut. On s’équipe, et puis finalement c’est plaisant…
Christelle – Côté envies, ma famille travaille en bio depuis les années 50, je m’appuie sur leur expérience, mais il y a quelques petites choses que j’aimerais essayer comme favoriser l’installation de nids d’hirondelles pour gérer la problématique des mouches dans les bâtiments par exemple. Le travail autour de la recherche des équilibres est infini !
Blandine – Pour nous, tout est nouveau. On peut être vite submergés. On a négocié avec nous-mêmes de ne pas arriver avec nos grandes idées et de faire les choses progressivement. Tout en restant droits dans nos bottes sur le plan environnemental. Alors on réfléchit côté chai pour intervenir de moins en moins sur nos vins, et côté vignes pour utiliser des préparations végétales. Et puis, chacun de nos vins raconte un peu notre histoire. Nous avons envie de la partager, que les personnes qui achètent nos vins se sentent impliquées à nos côtés. Nous avons donc rejoint la Route des Vins de Bergerac et Duras et fourmillons d’idées pour organiser des événements au domaine. Suivez notre page Facebook car nous vous réservons plein de surprises pour cet été !
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Texte Alexandrine Bourgoin
Photos Loïc Mazalrey