Au domaine de la Valette, un joyau de biodiversité « pur Périgord », revivent des races d’animaux élevés dans le passé, mais illustrant un modèle d’agriculture
moderne et durable, préservant l’homme, la nature et le goût…
Le portail de belle ferronnerie s’ouvre sur un sous-bois de charmes merveilleusement entretenu et tapissé de mousse. L’allée serpente entre les prés où de superbes vaches vous regardent paisiblement pendant que s’ébattent joyeusement des chevaux de Mérens et des ânes du Cotentin. De belles bâtisses périgourdines (converties en autant de gîtes) parsèment un micro-paysage presque trop beau pour être vrai. Ce petit paradis domine la vallée de la Louyre sur la route qui chemine de Bergerac à Sainte-Alvère.
Le maître des lieux a fait de la réhabilitation des races anciennes son dada…
Arnaud Bourgeois, vétérinaire de formation, a été amené au cours de sa carrière à diriger la filiale d’une multinationale de l’industrie pharmaceutique. Sa mission était d’assurer la protection sanitaire d’élevages à grande échelle… Nulle question de renier ce défi passionnant, qui l’a conduit à travers le monde pour répondre à une nécessité de production alimentaire vitale pour les populations.
Aujourd’hui, il commente sobrement que cela lui donne une ouverture sur une perspective différente. Celle de la biodiversité que nous contemplons, insatiablement, de la terrasse de l’ancienne chartreuse, où nous sommes attablés. Au Domaine de la Valette, revit une dizaine de races rares (vache bordelaise, dinde, poule et porc gascons…) parce qu’anciennes et presque disparues lors d’un passage à un mode d’élevage intensif.
Le Périgord, un incroyable alignement d’atouts
« Pour notre projet, avec son incroyable alignement d’atouts, le Périgord s’est révélé comme une évidence » déclarent à l’unisson Arnaud et Fabienne, son épouse, impliquée à 100%. Au premier rang : un patrimoine paysager et architectural exceptionnel qu’une
tradition naturelle de polyculture et d’ élevage de races diversifiées a contribué à façonner et à entretenir. Pour sauvegarder durablement cette incroyable richesse, l’ambition d’Arnaud est de montrer que cette biodiversité correspond à un schéma pour une agriculture durable et socioéconomiquement viable et rentable. « Si on veut être cohérent, aux yeux du visiteur, le lien entre le paysage et le produit dont il est issu doit être évident. Une harmonie doit exister entre ce que l’on voit dans la campagne et ce que l’on
achète. »
Une cohérence à toutes les étapes, jusqu’au consommateur final
Le couple transforme lui-même la production dans un laboratoire installé près des étables : « Nous avons bénéficié de la transmission d’un vrai savoir-faire, qui se perd », regrette Arnaud. Sur les étagères à l’ancienne de la boutique, s’alignent les bocaux avec des créations spéciales comme la « sauce Villadeix » (un mélange de trois viandes) et des classiques comme l’enchaud du Périgord. Cette gamme de conserves artisanales se rajoute à la vente de salaisons et de viandes fraîches. Sont proposées aussi quelques jolies cuvées, trouvailles des propriétaires lors de leurs escapades dans le vignoble de Bergerac Duras, où l’engagement des vignerons pour la biodiversité les a séduits.
Pour donner de l’écho à sa vision « autrement » du monde rural, Arnaud, maire du village, prépare un festival de cinéma sur le thème du monde agricole2. « Heureux, comme Félix à Saint Félix… » le dicton ne ment pas ! »
Texte Marie-Pierre Tamagnon
Photos Loïc Mazalrey
