Le lundi 15 avril 2019, les images de l’incendie aussi spectaculaire que destructeur de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris faisaient le tour du monde. Miraculeux hasard du calendrier, seize de ses statues avaient moins d’une semaine avant intégré les ateliers de la SOCRA à Marsac-sur-L’Isle pour une rénovation.
Ce jour-là, la série de statues a été déposée à l’aide d’une grue, puis transportée dans les ateliers de la SOCRA en Dordogne. À peine étaient-elles arrivées dans les locaux de l’entreprise de Marsac-sur-l’Isle spécialisée dans la conservation et la rénovation d’œuvres d’art que les images de Notre-Dame-de-Paris embrasée envahissaient nos écrans. Installées en 1860 sur le toit de l’édifice, les 16 statues dont on doit la conception à l’architecte Viollet-le-Duc, n’avaient encore jamais été déposées. Ce lifting programmé les aura donc doublement sauvées du temps et des flammes. Elles ne pourront malheureusement pas réintégrer la flèche à la fin du chantier de rénovation puisque celle-ci a été totalement détruite dans l’incendie.
« Les statues une fois restaurées seront exposées à la Cité de l’architecture et du patrimoine de Paris. Avec nos collègues du GMH (Groupement des Entreprises de Restauration des Monuments Historiques), nous militons pour une reconstruction à l’identique de la flèche et de la charpente. Cela permettrait d’une part de réintégrer les statues dans leur logement « d’origine ». Et surtout, cette reconstruction serait une occasion unique de transmettre notre savoir-faire aux jeunes générations en les faisant participer au chantier. » explique Richard Boyer, directeur de la SOCRA.
Crédit : La Socra
La SOCRA, entreprise du patrimoine vivant
La SOCRA a plus de 50 ans d’expérience dans la conservation et la restauration d’œuvres d’art et monuments anciens. Basée à Marsac-sur-L’Isle en Dordogne, elle emploie 35 salariés. On lui doit entre autres chantiers remarquables : la restauration de la galerie des glaces à Versailles ou encore celle de l’archange du Mont-Saint-Michel. On peut visiter les ateliers de la SOCRA à l’occasion des Journées du Patrimoine ou lors des visites guidées proposées par l’Office de Tourisme de Périgueux.
Quand Notre-Dame servait d’entrepôt de vin
Après la Révolution française, le catholicisme « n’a plus trop la cote ». La cathédrale est vandalisée : pillage en règle, vitraux et verrières brisés, statues décapitées. En 1792, le Gouvernement Révolutionnaire de Paris déclare Notre-Dame bien national avant de reconvertir l’édifice en Temple de la Raison (réservé au culture de la Raison et de l’Être Suprême). Durant les 9 années qui suivront, la nef de la cathédrale servira également d’entrepôt aux milliers de tonneaux de vin de l’armée révolutionnaire du Nord La cathédrale ne sera rendue au culte catholique qu’en 1801 sous Napoléon 1er à la signature du concordat.
Texte Alexandrine Bourgoin