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Hôte privilégié de nos jardins et de nos terrasses, ses fleurs aux teintes infinies offrent à nos yeux émerveillés une symphonie de couleurs. Œuvre d’art d’une nature créatrice, véritable aquarelle éphémère, ce « rouge de 100 jours », le Lagerstroemia, a su conquérir le cœur de ces amoureux de l’élégance. Des siècles nous contemplent, 1600 ans, mais sa magie opère toujours…

Le gardien des secrets ancestraux 

Originaire des confins méridionaux de la Chine et non des terres indiennes, comme le laisserait présager sa dénomination populaire de « Lilas des Indes », le Lagerstroemia a su illuminer ces temps immémoriaux de son éclatante splendeur. Des siècles écoulés, témoins fidèles de la Dynastie Tang, un règne fastueux qui enchanta la terre de Chine entre les années 618 et 907 de notre ère. Durant cet « âge d’or de la civilisation chinoise », signe de croissance culturelle et économique, cette plante majestueuse sera élevée au rang de véritable symbole, incarnant tour à tour la beauté, la prospérité et la longévité. Trônant fièrement au milieu des jardins impériaux et de la haute noblesse, ses qualités ornementales conféraient à ces lieux sacrés et mystérieux une quiétude unique, propice à la méditation, à la réflexion et à la contemplation esthétique.

 

 

Mais au-delà de sa simple apparence, le Lagerstroemia détenait au plus profond de lui des secrets précieux. Ceux d’apaiser les maux de l’âme et du corps. En ces temps reculés, prémices de la médecine traditionnelle chinoise, chaque fragment de cet être végétal possédait des vertus curatives insoupçonnables. Ses fleurs, son écorce, ses feuilles, telles des reliques miraculeuses, étaient utilisées dans certains rituels de guérison : régulation des flux sanguins, protection des organes vitaux, apaisement des inflammations. Ses propriétés cicatrisantes et de purifications étaient reconnues dans tout l’Orient.

 

L’introduction en Occident du Lagerstroemia

Au XVIIIe siècle, lors de ses nombreuses expéditions, le suédois Magnus Lagerström, directeur de la Compagnie suédoise des Indes orientales, ramènera d’Asie des boutures et des graines. Il contribuera ainsi à la collecte d’échantillons botaniques et à la documentation de la flore de diverses régions du monde. Une partie de sa collection sera léguée à la famille royale suédoise et à la Société royale des sciences, fondée en 1710 par Carl von Linné. Ce naturaliste, célèbre pour son ouvrage majeur« Species plantarum », développera un système de classification en latin des plantes et espèces, encore largement utilisé aujourd’hui dans le monde entier. En 1759, il introduira donc en Occident le Lagerstroemia, nom donné en hommage à son ami Magnus Lagerström, décédé la même année.

 

 

Le Sud-Ouest, une terre privilégiée

C’est grâce à Jean Desmartis-Laperche, ancien capitaine de navire et maire de la ville de Bergerac de 1792 à 1794 que le Lagerstroemia franchira les frontières pour trouver sa terre de prédilection, ici, dans le Sud-Ouest de la France. En effet, il en plantera plusieurs spécimens dans le domaine du Château de Cavalerie à Peymilou, sur la commune de Prigonrieux. La diffusion du Lagerstroemia gagnera progressivement  tout le Sud-Ouest au début du XXe siècle, grâce au travail d’André Desmartis. Héritier d’une petite pépinière de moins de deux hectares, issue des pépinières Perdoux, installées à Bergerac depuis six générations, André reprit le flambeau de son père Eugène. Fasciné par le potentiel extraordinaire de cette plante, il consacrera plus de cinquante ans de sa vie à le promouvoir et à le faire connaître du grand public, menant un travail intense pour en optimiser les qualités. Son initiative a donné naissance à de rigoureux programmes de sélection visant à identifier une palette de fleurs aux couleurs nuancées et à adapter les plants à une culture sur tout le territoire, avec la possibilité de les planter en pot ou  en bac dans les régions aux hivers rigoureux.

 

À la fin des années soixante, les pépinières Desmartis créeront un atelier exclusivement dédié à la recherche et à la sélection sur le Lagerstroemia Indica, en poursuivant l’objectif premier, d’obtenir des lignées vigoureuses, précoces, prolifères avec des couleurs pures et fixées. Ce laboratoire avant-gardiste mènera de nombreuses expérimentations sur les méthodes de sélection, diversification et surtout de multiplication. En 1999, la démarche expérimentale sera récompensée par l’obtention du label « Collection Nationale » octroyé par le CCVS (Conservatoire des Collections Végétales Spécialisées). Une association ayant pour but de favoriser la connaissance et l’enrichissement du patrimoine végétal vivant.

2024, le Lagerstroemia à l’honneur !

À l’occasion des 150 ans de l’entreprise Desmartis (1874), le « Lagers’s » pour les intimes, sera mis à l’honneur au cœur de la cité de Cyrano. Il occupait déjà une place de choix dans les moindres recoins de la ville de Bergerac, arborant fièrement ses fleurs au détour d’une avenue, d’une place cachée, sur les bords de la Dordogne, pour le plus grand émerveillement des touristes. Du rouge au rose en passant par le violet et le blanc, cette mosaïque de couleurs a su séduire ces passionnés de la beauté, fascinés par la générosité de sa floraison luxuriante. Patrick Chassagne cogérant des pépinières Desmartis revient sur le succès éclatant du Lagerstroemia : « Les personnes recherchent souvent des plantes ornementales à l’esthétique originale avec un minimum de contraintes liées à l’entretien. Le Lagerstroemia possède des atouts considérables, tout d’abord sa floraison estivale longue et vivement colorée. Dans le Sud-Ouest il peut fleurir du 14 juillet à la mi-septembre. Son nom mandarin « Bai ri hong » qui signifie « rouge de cent jour », n’est pas une légende. Il existe très peu de plantes qui fleurissent aussi longtemps. »

 

 

Parmi les autres qualités exceptionnelles du Lagerstroemia : « Il est assez résistant au froid, car il est capable de supporter des températures flirtant avec les -15°C, ses racines ne gèleront pas jusqu’à -10°C. Sa culture est très polyvalente et peut s’adapter à tout type de plantations, aussi bien en bacs, en isolé, en massif, en haie, qu’en arbre d’alignement. C’est un petit arbre idéal pour être planté proche de bâtiments ou de réseaux, grâce à un faible encombrement et des racines peu envahissantes. » précise le co-gérant de la pépinière Desmartis.

Aujourd’hui, la collection nationale répertorie environ 240 variétés de Lagerstroemia dont une cinquantaine sont issues du travail de recherche et de création mis en œuvre par les pépinières Desmartis, depuis plus de 70 ans. « Nous avons cette volonté de nous renouveler sans cesse et ainsi de proposer de nouvelles variétés de Lagerstroemia. Nous avons créé environ 50 variétés, principalement des cultivars à floraison précoce et résistants aux maladies. Il y a quelques années, une gamme « Terrasse » a vu le jour, dédiée à la culture en pot avec des fleurs rouges, roses, violettes et blanches. En 2020, nous avons eu le plaisir d’ajouter une nouvelle nuance de couleurs à notre palette existante avec le lancement du « Sweet Lavender ». Un Lagerstroemia aux reflets bleutés qui offre une floraison somptueuse, tout en restant compact, une hauteur maximale de 2,50 mètres. Il est parfaitement adapté pour les petits jardins et les terrasses. » conclut Patrick Chassagne. Parmi ces variétés, un hommage est rendu à l’ensemble de notre vignoble et de nos terroirs avec des noms évocateurs tels que : Bergerac, Monbazillac, Pécharmant, Périgord Pourpre et Grand Cru. Le 4 juillet prochain dans le cadre des 150 ans des pépinières Desmartis, une nouvelle variété sera présentée et baptisée, au jardin Perdoux, du nom de l’association bergeracoise accompagnant les personnes en situation de  handicap mental, « Papillons Blancs ».

 

Texte Bertrand Ballesta

Photos Pépinière Desmartis

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