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Ce bergeracois pure souche, dont un arrière-cousin, Armand Got était poète parnassien et critique d’art, est tombé dans le milieu du vin un peu par hasard au gré d’un itinéraire privilégié semé d’escales lointaines, parfois insolites et souvent paradisiaques. Après avoir crayonné une première affiche pour un négociant bordelais, son style élégant, teinté d’une douce nostalgie Belle Époque et Art Déco, fait mouche et illustrera de nombreux vignobles et destinations à travers le monde.

 

L’insolite commence dès l’arrêt devant sa maison natale où nous avons rendez-vous pour l’interview : une plaque indique que Buffalo Bill y a séjourné lors de sa tournée en France. Aussi improbable que cela paraisse William Cody, a en effet, tenu à mettre la petite cité de Dordogne à son programme, car il était tombé amoureux de la pièce d’Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac.

C’est dans cette demeure bâtie par son grand-père, rive gauche de la Dordogne, au milieu de ses nombreuses affiches (252 au total !) que Jean-Pierre Got relate sa vie. Il évoque son parcours exotique : une licence d’anglais en poche il embarque pour la Nouvelle-Zélande comme lecteur à l’Université d’Oakland où il pratique le surf entre les cours, puis effectue son service militaire à Nouméa comme interprète.

 

Son aisance linguistique et relationnelle lui permet de trouver un poste commercial à l’export sur mesure dans la prestigieuse maison de négoce Mahler Besse (propriétaire du Château de Montaigne, au cœur de l’appellation Montravel) où durant dix années, de voyages en réceptions prestigieuses il fait la promotion « de vins d’harmonie, faits pour accompagner un repas ». Une autre jolie définition, celle du grand vin : « celui qui fait arrêter les conversations ».

 

 

Carrière faisant, inspiré par l’univers du vin, il dessine des affiches. Un client californien qui organise des marathons lui passe commande et là commence une belle collection. Le style, « vintage » et chic d’inspiration art-déco à l’image des élégantes affiches de la compagnie transatlantique séduit les propriétaires de vignobles californiens, qui comprennent d’emblée l’opportunité de se forger une authenticité, à l’instar des domaines français, à travers ce style rétro.

 

 

Une deuxième carrière commence qui lui permet de vivre très agréablement de son art en dédicaçant des exemplaires de ses œuvres en Californie lors de divers évènements où ses affiches s’arrachent. Les commandes affluent générant des invitations aux quatre coins du monde (une exposition à Adélaïde en Australie, une autre en Grèce…). D’instinct, il a intégré les règles d’or de son nouvel art, clés de son succès : trois à cinq couleurs, un sujet unique. Là réside toute la force de l’identité de l’affiche française.

Il sera sollicité par de prestigieuses maisons pour leur campagne de communication (Pol Roger, Gosset, Philiponnat…), des appellations (Sancerre, Listrac) mais également des offices de tourisme disséminés sur les différents continents (Lac Tahoe, Essaouira, Arcachon, Andernos, Kenya, Québec…). Les appellations de son terroir d’origine, parmi lesquelles Monbazillac ne manquent pas à l’appel. De retour aux racines familiales, ce globetrotter, après une vie de voyage, goûte une retraite paisible, aux côtés de son épouse Nicole, en résidence idéalement alternée entre le faubourg de la Madeleine et une maison dans la campagne bergeracoise qu’ils relient allégrement de quelques coups de pédales en vélo électrique.

Après une vie cosmopolite, ils apprécient la douceur de vivre en bergeracois dans ce quartier historique et populaire joliment embourgeoisé pour ne pas dire « gentryfié », où l’on trouve un des meilleurs restaurants bistronomiques de la cité avec vue imprenable sur le fleuve et un bar à vins cosy. Il participe à la vie culturelle locale, il écrit des contes (autour du vin de Bergerac et du Cloître des Récollets) et même une nouvelle à partir de la découverte d’une bouteille de Monbazillac millésime 1747 dans l’épave du galion l’Amsterdamer. L’aventure continue pour ce parfait gentleman-ambassadeur de notre terroir !

1 Découverte en 1984 dans ce galion de la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales échoué dans la baie d’ Hastings au sud-est de l’Angleterre, avec toute sa cargaison à bord, la bouteille fut dégustée et appréciée par les professionnels de Vinexpo en juin 1989.

 

Texte Marie-Pierre Tamagnon

Photos Loïc Mazalrey

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