Tour à tour instituteur, capitaine d’industrie et finalement vigneron, Pierre Roche-Bayard aura peu goûté à la monotonie. Depuis 2017, son regard pétillant et sa belle humanité manquent aux bergeracois. Retour sur le parcours étonnant d’un périgourdin inspirant.
Trajectoire
Pierre Roche-Bayard naît en 1933 à Pécharmant, dans une famille modeste. Ses grands-parents possèdent la ferme du Libraire et comme souvent à l’époque, une petite parcelle de vigne. Après son bac, il entre à l’école normale et devient instituteur. Il part exercer en Algérie, y effectue son service militaire et se retrouve mobilisé lorsque la guerre éclate. A son retour en France en 1954, il épouse Monique et fonde une famille. Sur recommandation d’anciens camarades de régiment, il entre chez Saint-Gobain et y fait breveter… le couvercle à vis ! C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Jean Gervoson, le fondateur d’Andros, qui n’est alors qu’une toute petite entreprise familiale de compotes et confitures située à Biars-sur-Cère dans le Lot. Ce dernier propose à Pierre de l’aider à développer son entreprise. Ce qu’il s’emploiera à faire avec le succès qu’on sait.
C’est toi que j’aime tant
Dès 1971, il positionne la marque sur le créneau du fait-maison en créant la confiture Bonne Maman. L’étiquette originale, inchangée depuis, a été écrite la plume par l’ancien instituteur. « L’écrivain le plus lu de France », aimait-il à plaisanter. Et l’un des plus sentimentaux aussi peut-être. Car derrière les initiales de Bonne Maman il faut aussi lire le B de Bergerac et le M de Monique. Quant au couvercle à carreaux, il est inspiré des anciens rideaux rouges dans lesquels la grand-mère de Pierre découpait des petits carrés de tissu pour couvrir les pots de confiture. Ainsi Bergerac ne l’a jamais quitté.
Un grand merci à Marc Léturgie.
Le retour à la terre
C’est tout naturellement que l’heure de la retraite arrivée, il revient s’y installer. De la ferme familiale, expropriée pour construire la zone industrielle du Libraire, il ne reste plus qu’une petite annexe et un carré de vigne planté d’hybrides que sa sœur et son neveu Marc ont eu à cœur de continuer à cultiver. Pierre les convainc d’arracher pour replanter des cépages adaptés à la mise en valeur du terroir de Pécharmant. Le vignoble familial a désormais un nom : le Cœur du Hameau. Aujourd’hui Pierre Roche-Bayard n’est plus. Mais l’aventure Cœur du Hameau continue, grâce à Marc, ainsi qu’aux enfants et petits-enfants de la famille qui prennent soin de leurs pieds de vigne… et de leurs racines bergeracoises.
Texte Alexandrine Bourgoin
Illustration Yann Hamonic