On ne naît pas toujours vigneron. La vocation surgit parfois bien plus tard, à la faveur de réminiscences ou de rencontres signifiantes. Comment ont-ils su que c’était ce qu’ils voulaient, ce qu’ils devaient faire ? Six vignerons et vigneronnes du vignoble de Bergerac et Duras reviennent avec nous sur leur parcours et nous éclairent sur ce qui a motivé leur entrée en viticulture.
Liliane, Château Vieux Touron
Premier émoi
Liliane se souvient du terrible hiver 1956. « J’avais 10 ans. Le froid avait causé sur la vigne d’importants dégâts. Résilience et travail acharné ont permis à mes parents de surmonter cette épreuve. Cela m’a beaucoup marquée et fait prendre conscience de la dureté du métier ».
Le déclic
« En 1981, lorsque je suis allée voir le banquier, j’ai été accueillie pour le moins… froidement. En grande partie parce que j’étais une femme. Mais je me suis accrochée ! ». Aujourd’hui, elle est fière du domaine de 10 hectares qu’elle a créé.
Les guides
Son père était amateur de vin et l’a initiée. Les femmes de la famille ont été aussi une source d’inspiration. « Pendant la guerre, elles ont fait tourner l’exploitation sans homme. Mon père était garagiste de formation. Les vignes venaient de ma mère, c’est elle qui lui a appris le métier ».
Vins de Bergerac et Monbazillac
Liliane Gagnard
Lieu-dit Vieux Touron
24240 MONBAZILLAC
05 53 58 21 16
liliane.gagnard@sfr.fr
Site web
Sophie et Gaël, Domaine de Grimardy
Premier émoi
Les parents de Sophie et Gaël n’étaient pas vignerons, mais leurs grands-pères respectifs possédaient une petite vigne pour leur consommation personnelle. « Je me souviens des vendanges, de l’odeur de la cave et du vin lorsqu’on le tirait au tonneau. Je me disais petite que plus tard, j’aurais une vigne comme mon pépé ! ».
Le déclic
Devenus adultes, leur curiosité pour l’univers du vin grandit, mais c’est une autre carrière qu’ils embrassent : ingénieur en électronique puis enseignant pour Gaël, animatrice dans un Parc Naturel Régional pour Sophie. « À l’époque, je pensais que pour devenir vigneron, il fallait que sa famille le soit aussi ». Gaël et Sophie se rencontrent, fondent une famille… et comme leurs grands-pères avant eux, font l’acquisition d’une petite parcelle de vigne en Charente. Ils se prennent au jeu, et dans le même temps, commencent à s’ennuyer dans leurs métiers respectifs.
« Et si on devenait vignerons ? ». Qu’à cela ne tienne ! Sophie passe un BTS viti-oeno, tandis que Gaël suit une formation en mécanique agricole et décroche un WSET [ndlr : Wine and Spirit Education Trust]. Ils se mettent en quête d’un domaine viticole. En 2020, ils jettent leur dévolu sur le Domaine de Grimardy. « Nous aimions les vins de Bergerac. Mais ce qui a réellement fini de nous séduire, c’est la beauté des paysages et le terroir de Montravel ».
Les guides
Sophie a été initiée par son père. « Il avait un vrai intérêt pour le vin. Le week-end il ouvrait souvent de belles bouteilles ». Gaël de son côté a appris à déguster avec sa tante, grande amatrice de vin.
François, Clos Bonnefare
Premier émoi
« Petit, j’accompagnais mon grand-père à la cave de Técou dans le vignoble de Gaillac. Il achetait du vin en vrac et le mettait en bouteille pour sa consommation quotidienne. J’aimais beaucoup l’aider ».
Le déclic
Devenu adulte, sa curiosité pour le vin grandit. Il prend des cours de dégustation, se constitue petit à petit une cave. Après 10 ans dans l’audiovisuel, il réfléchit à une reconversion. « Je voulais travailler sur quelque chose de concret, de rationnel. C’est ce que le vin représentait pour moi. Alors j’ai passé un BTS viti-oeno ». Après différentes expériences dans des châteaux du Bordelais, il décide de partir un an vinifier à l’étranger (Nouvelle-Zélande, Oregon). À son retour en 2008, c’est la crise financière et trouver du travail devient compliqué. Il accepte un poste de conseiller d’entreprise à la Chambre d’Agriculture. « C’est un travail qui me permet d’avoir du temps pour développer des projets personnels à côté. Notamment celui de devenir vigneron ». Ce qui était de l’ordre du fantasme lorsqu’il a passé son BTS allait enfin se concrétiser. François se met en quête de parcelles. Il arrête son choix sur 1 hectare de vigne sur le joli plateau de Lamothe-Montravel. En 2011, à presque 50 ans, François donne naissance à ses premières cuvées et réalise ainsi son rêve de devenir vigneron.
Les guides
« Mon père et mon oncle, des amateurs éclairés abonnés à la Revue du Vin de France ! ».
Vins de Bergerac et Montravel
François Jaurou
Bonnefare
24230 SAINT-MICHEL-DE-MONTAIGNE
06 85 76 61 53
closbonnefare@gmail.com
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Texte Alexandrine Bourgoin
Photos Loïc Mazalrey