On ne naît pas toujours vigneron. La vocation surgit parfois bien plus tard, à la faveur de réminiscences ou de rencontres signifiantes. Comment ont-ils su que c’était ce qu’ils voulaient, ce qu’ils devaient faire ? Six vignerons et vigneronnes du vignoble de Bergerac et Duras reviennent avec nous sur leur parcours et nous éclairent sur ce qui a motivé leur entrée en viticulture.
Jean-Baptiste, Domaine de Bonvin
Premier émoi
Les parents de Jean-Baptiste étaient éleveurs et viticulteurs en cave coopérative. « Lorsque j’étais ado, pendant les vacances, ils me tiraient du lit pour aller aux vignes. Je trouvais ça terriblement chiant. Je me disais que plus tard je ferai tout mais pas ça ! ».
Le déclic
Après un BTS Service en espace rural, Jean-Baptiste travaille chez un voisin vigneron. « Au Clos Bellevue, Michel Royère Blanchard m’a fait découvrir le métier dans sa globalité. Je me suis dit que si j’allais jusqu’à la commercialisation, vigneron était un métier qui pourrait me plaire ». Mais à cette époque, Jean-Baptiste a un autre rêve : celui de devenir comédien. En 2009, il décide donc de tenter sa chance et intègre le Cours Florent à Paris. En 2016, son père s’apprête à prendre sa retraite. Le frère de Jean-Baptiste est installé sur la ferme depuis quelques années, mais s’intéresse davantage à l’élevage. « L’arrachage des vignes planait comme une ombre… J’ai commencé à me dire que j’avais peut-être quelque chose à faire là-bas ». Il délaisse petit à petit les planches des théâtres parisiens et commence à travailler sur le domaine. « Ma rencontre avec les vins natures, notamment ceux de Mathias et Camille Marquet du Château Lestignac, a été décisive ». À partir de 2018, il sort progressivement les vignes de la coopérative et crée ses premières cuvées au Domaine de Bonvin. « Cela peut paraître un peut prétentieux comme nom… mais c’est celui du lieu-dit où se situe mon chai ! ».
Les guides
« Michel, Mathias et Camille bien sûr. Mais aussi ma mère. Elle était prof avant d’être agricultrice, puis avait repris ses études pour passer un diplôme d’ingénieure en viticulture et œnologie. C’est une amatrice de vin, elle aime déguster ».
Alexandre, Domaine du Verdier
Le déclic
Après des études dans la vente, il exerce dans différents secteurs avant de diriger un hôtel restaurant en Bourgogne. C’est à cette époque qu’il rencontre le courtier Jean-Claude Pion. « Un personnage, un amoureux du vin et un puits de savoir. Je me souviens être allé avec lui déguster à la Romanée-Conti. J’étais très impressionné. Il m’a dit : « Goûte, demande-toi simplement si tu aimes ou pas, et ensuite seulement essaye d’expliquer pourquoi ». Le meilleur des conseils ». Pendant 10 ans il se donne corps et âme à son métier. Jusqu’à en perdre le sens. Il appuie sur pause, commence par réfléchir à ce qu’il ne veut plus. Et se rend compte que devenir vigneron est ce qu’il souhaite vraiment. Il se forme à Beaune puis se met en quête d’un domaine viticole. Après 3 ans de recherche, il s’installe avec femme et enfants au Domaine du Verdier juste avant les vendanges 2018. « On est tombés en amour. Les paysages, les gens. Je vivais dans une économie qui n’avait pas d’arrêt. Je me suis reconnecté à la nature, au rythme des saisons. Ici, je me sens bien et ma famille aussi ».
Premier émoi
Lorsqu’il était enfant, Alexandre passait ses vacances chez son grand-père qui avait été négociant en vin et bière. « Il achetait du vin en vrac et faisait ses propres assemblages dans sa cave avant de les proposer aux cafés et restaurants. Je me souviens des fûts, des outils, des odeurs… ».
Les guides
« Jean-Claude, bien sûr. Il nous a malheureusement quittés peu de temps après mon installation. Je regrette que nous n’ayons pas pu déguster mes vins ensemble. ».
Texte Alexandrine Bourgoin
Photos Loïc Mazalrey
