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Le Consulat de la Vinée des vins de Bergerac a célébré cette année ses 70 ans. Explorons ensemble l’histoire séculaire des consuls, ces femmes et ces hommes, qui aujourd’hui encore, demeurent les fidèles gardiens des traditions et les ambassadeurs dévoués à l’excellence des vins d’un vignoble tout entier.

700 ans d’histoire…

Remontant au IXe siècle, la tradition viticole de la moyenne vallée de la Dordogne a traversé les âges pour devenir l’un des fleurons de la région. Dès cette époque, les premières vignes ont commencé à s’implanter dans ce terroir propice, laissant présager un avenir prometteur pour la production locale de vins. Pendant plusieurs siècles, ces vignobles ont été entretenus avec soin et passion par les seigneurs féodaux et les institutions ecclésiastiques de la zone. Véritables gardiens de ce patrimoine, ces acteurs ont contribué à ancrer durablement cette culture du vin dans l’identité régionale.

 

 

 

Selon les travaux réalisés par ces deux historiens passionnés du Périgord, Annie Paule et Christian Félix « Un premier vignoble seigneurial urbain associé à un vignoble ecclésiastique au prieuré Saint-Martin plus au nord, ont ainsi constitué le noyau d’un vignoble strictement Bergeracois. ». Il se nommait la « Vinée Nord », englobant le prieuré Saint-Martin et ses environs, y compris Lembras, Creysse, et Mouleydier. Son rayon d’influence s’étendait sur 10 à 15 km jusqu’à Maurens et ses alentours, notamment Sainte-Foy-des-Vignes, Ginestet et Campsegret. Par rapport à d’autres zones viticoles de la région, elle bénéficiait de certains privilèges, notamment l’accès au port de Bergerac pour le transport des tonneaux de vin. En 1495, la « Vinée Sud » s’y est intégrée, couvrant les terres au sud de Bergerac, sur la rive gauche de la Dordogne, comprenant les propriétés seigneuriales de Montcuq, Pomport, Monbazillac et Saint-Nexans. Ces délimitations ont anticipé les futures zones d’appellations contrôlées établies en 1936.

 

L’histoire de la ville de Bergerac et de son vignoble est intimement liée à cette date du 16 janvier 1322. Le seigneur de Bergerac, Arnaud de Pons, sous la contrainte du roi Charles IV le Bel, rédigea une charte en 29 articles pour organiser les pouvoirs, les libertés et les franchises au sein de la cité. Selon ce texte, 8 consuls devaient être choisis parmi les bourgeois de la ville pour une durée d’un an. Ils disposaient de pouvoirs étendus en matière d’administration et de gouvernance civile, tel que la levée d’impôts exceptionnels afin de financer la réparation de certaines infrastructures. En matière viticole, les consuls étaient autorisés à apposer une marque distinctive sur les fûts de vin provenant de leur territoire, composée d’un côté d’un pied de griffon et de l’autre d’une tour, permettant ainsi de distinguer les vins de la vinée, seuls autorisés à entrer dans la ville pour accéder au port. Ils avaient également le pouvoir de fixer la date de début de vendange en fonction de la maturité des raisins.

Malgré les tourments de la guerre de Cent Ans et des guerres de religion, Bergerac conserve son identité viticole, passant alternativement sous domination anglaise et française jusqu’à sa reprise définitive en 1450 par Jean Bureau, le grand maître de l’artillerie du roi Charles VII. En 1789, la révolution mit fin au système féodal et marqua la disparition des consuls de Bergerac. Cependant, leur héritage perdure dans l’histoire et la mémoire collective de la région.

 

La résurgence du Consulat de la Vinée

Après une période de plusieurs siècles d’oubli, le Conseil Interprofessionnel des Vins de Bergerac rétablit de manière symbolique le Consulat de la Vinée en 1954. Bien loin de ses fonctions féodales antérieures qui englobaient la gestion des affaires de la cité, le Consulat de la Vinée moderne se concentre désormais à la défense et à la promotion exclusives des vins de Bergerac, faisant ainsi rayonner leur excellence en France comme à l’étranger. Mais le passé n’est jamais bien loin, il se perçoit encore au travers de leur tenue de cérémonie : une robe de laine lie de vin avec parements de satin jaune à broderies d’or, un chaperon pourpre et d’or et un grand collier avec une médaille arborant le sceau du consulat, une patte de griffon.

 

Depuis les années 50, 8 Grands Maîtres se sont succédés à la tête du consulat, Monsieur Paul-André Barriat occupant cette charge depuis 2008. Pour le Grand Maître actuel : « Il est important de préciser que le Consulat de la Vinée des vins de Bergerac est la troisième confrérie bacchique la plus ancienne après celle de Béziers et la Jurade de Saint-Émilion. Lors de la création de ce consulat, un double objectif était poursuivi, d’une part rendre hommage au passé des consuls de l’époque féodale et d’autre part, inscrire le rôle du consulat dans la démarche de communication mise en place par l’interprofession, au service des vins de notre vignoble. »

 

 

Monsieur Paul-André Barriat nous explique les critères requis pour devenir consul : « Dès la renaissance du consulat, nous avons souhaité recréer des chapitres, qui sont tout simplement des cérémonies rituéliques visant à introniser des impétrants. En 70 ans, nous avons procédé à plus de 3000 intronisations. Les critères du choix sont très simples, la personne se doit tout d’abord d’apprécier les vins, surtout ceux de Bergerac et s’engager à en devenir un véritable ambassadeur dans leurs métiers ou leurs diverses activités. ».

 

 

Parmi les viticulteurs ou les négociants intronisés au Consulat de la vinée de Bergerac, il est parfois possible de retrouver des personnes publiques reconnues, telles que des écrivains, des acteurs, des scientifiques, des journalistes, des restaurateurs et des sportifs célèbres. Des ambassadeurs de renom comme Richard Bohringer ou Roland Giraud. Un Grand Chef de la cuisine Française, Alain Ducasse. Des anciens ministres, Jean-Pierre Chevènement ou Roland Dumas et des sportifs de haut niveau tel que Sébastien Chabal, international de rugby.
Le 7 juin prochain, seront fêtés les 70 ans du Consulat de la Vinée. Un évènement festif se tiendra au cœur de la ville de Bergerac, un bond dans l’histoire pour préserver l’héritage du passé et rendre hommage à l’ensemble des vins de notre vignoble. Et comme le disent les consuls de la Vinée dans leur rituel d’intronisation : « Bergerac, Rosette, Pécharmant, Saussignac, Montravel, Monbazillac, qu’ils en soient dignes ! ».

 

Texte Bertrand Ballesta

Photos IVBD • Sheleen Photographie

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