Vous avez soigné.
Vous avez cuisiné. Pour vous. Pour les autres.
Vous avez cousu.
Vous avez chanté.
Vous avez livré.
Vous êtes tombé malade.
Vous vous en êtes remis. Ou pas tout à fait. Ou pas du tout.
Vous avez enseigné.
Vous avez appris à lire.
Vous avez perdu patience.
Vous avez fait des courses. Pour vos voisins. Pour votre grand-père.
Vous êtes resté fidèle au poste.
Vous vous êtes senti seul.
Vous avez fait votre propre pain.
Vous êtes allés au drive fermier.
Vous avez approvisionné le drive fermier.
Vous avez tenu la caisse du drive fermier.
Vous avez applaudi.
Vous avez pleuré la mort de Christophe et Manu Dibango. Et peut-être celle d’un proche.
Vous avez fait des gâteaux.
Vous avez pris du poids.
Vous vous êtes mis au yoga.
Vous avez promené le chien.
Vous avez couru masqué.
Vous avez fait des réunions en visio. Des apéros en visio. La classe en visio.
Vous vous êtes langui de votre famille. De vos amis.
Vous avez eu peur.
Vous avez écrit un livre. Composé des chansons.
Vous avez pensé au monde d’après.
Vous avez cultivé vos champs. Travaillé vos vignes.
Vous avez regardé des tonnes de séries. Et les films de Fellini que vous feigniez d’avoir vus.
Vous vous êtes demandé si vous pourriez un jour remonter sur scène. Et pour dire quoi.
Vous avez relu La Peste.
Vous avez rempli des autorisations de sortie.
Vous avez eu envie de changer de vie.
Vous l’avez peut-être fait.
Vous avez vu une famille de canards traverser l’avenue. Des baleines dans les calanques.
Vous avez laissé pousser vos cheveux. Votre barbe. Vos poils. Et ce n’était pas grave.
Vous vous êtes rapprochés de vos enfants.
Vous avez eu envie de donner vos enfants. Contre une meilleure connexion Internet. Ou une cabane en zone blanche.
Vous vous êtes questionné. Sur la vie. La santé. La mort. Le vivre ensemble.
Vous avez repeint votre chambre. Nettoyé les placards. Fait pousser des tas de trucs dans le jardin. Ou avez culpabilisé de ne pas l’avoir fait.
Vous avez suivi les chiffres. Ecouté les allocutions. Puis débranché la télé.
Vous avez fait de votre mieux.
Et après ça, vous êtes venus nombreux, tantôt de loin, tantôt du village d’à côté, pour vous ressourcer, retrouver les vôtres, ou vous installer définitivement ici chez nous, en Périgord. Et pour cela, on ne vous dira jamais assez MERCI.
Texte Alexandrine Bourgoin
Illustration Yann Hamonic